Voici un poème que j’ai écrit jadis et qui m’a presque valu d’être expulsé de l’université catholique où j’étudiais. J’avoue que, de prime abord, le texte peut sembler irrévérencieux, mais pour ma défense – en faisant appel à votre miséricorde Votre Honneur – je tiens à préciser qu’il s’agissait d’un exercice de style, nommément d’un pastiche des textes de Georges Brassens.
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Je m’adresse à vous ô Sainte Madone
Qui, de plâtre, nous regardez, si bonne
Et qui suintez larmes de saindoux
Je ne demande qu’une chose : priez pour nous.
Vous nous prodiguez tendresse et amour
Et moi je vous implore de mes doigts gourds
En mon ventre fermente une chaude-pisse
Le fruit de l’amour, ora pro nobis.
Je viens à vous avec humilité
Sur votre piédestal, prenez pitié
Vous avez engendré,souvenez-vous
Sans risquer gonorrhée, priez pour nous.
Il est vrai qu’il eut été alarmant
Si le Bon Dieu, qui était votre amant,
Avait été frappé de syphilis
En vous connaissant, ora pro nobis.
Mais le Tout-Puissant a bien fait les choses
Voire! De la Création, il est la Cause
Quand Il pénétra entre vos genoux
Il était pur et sain, priez pour nous.
N'empêche que vous devez me comprendre
Si je m'approche d'une femme pour la prendre
Je suis le commandement de jadis :
Allez! Procréez! Ora pro nobis.
Dites-moi comment pourrai-je continuer
À cette divine mission me plier
Si ma moëlle, mon essence, mon tout
Sont entièrement souillés? Priez pour nous.
Me voici donc dans ce saint oratoire
Bavant mon oraison jaculatoire
Et vous priant Sainte Mère du Christ
De me purifier, ora pro nobis.
Un prêtre intercède auprès de Notre-Dame-de-l’Urinoir pour ses ouailles affligées de maladies honteuses. |