Deux petits garçons écoutent attentivement le Père Noël qui leur explique qu’il va s’introduire par effraction dans leur demeure au beau milieu de la nuit, s’empiffrer du contenu de leur réfrigérateur et laisser des choses dans leurs bas ou leurs chaussures avant de partir. Si certains enfants sont charmés par ce concept, d’autres, à juste titre, remettent en cause la moralité d’un tel comportement.
C’était la première semaine de décembre il y a de nombreuses années. Nouvellement marié, j’étais assis sur le canapé avec celle qui allait devenir plus tard mon ex-épouse.– Je me demande où nous devrions mettre le sapin de Noël, dit-elle.
– Le sapin de Noël? Pas question de mettre un arbre mort dans le salon! répondis-je.
– On pourrait acheter un sapin artificiel, tu sais...
– Pas question de mettre un faux arbre mort dans le salon!
« Ce que femme veut, Dieu le veut » et j’ai finalement cédé à sa volonté, mais à une condition : que ce soit moi qui pose le petit ange au faîte de l’arbre.
Ma femme était étonnée de ce vœu et je lui racontai donc d’où venait la tradition de mettre ce volatile au sommet d’un sapin.
Un volatile, ça vole et comme un ange ça vole aussi, un ange c’est un volatile. C’est ce que le chat de la petite Genève avait bien compris en grimpant dans l’arbre de Noël à la recherche d’une collation. Photo M. Cloer
C’était une semaine avant Noël. Le Père Noël s’était levé de bonne humeur, était descendu pour préparer du café et mettre deux tranches de pain à griller. Il venait de s’asseoir à table quand il lut en première page du journal :
« Rudolph, le petit renne au nez rouge, a été arrêté avec un taux d’alcoolémie deux fois supérieur à la limite permise. »
N’en croyant pas ses yeux, le Père Noël continua de lire pour apprendre que le chef de son attelage de rennes, en état d’ébriété avancée, avait renversé quatre cheminées, qu’une fois arrêté il avait refusé de subir l’alcootest, qu’il avait déclenché un esclandre et qu’on l’avait emmené à la gendarmerie, menottes aux sabots, pour le mettre en prison jusqu’à ce qu’il puisse être jugé, le 28 décembre.
Encore sous le choc, le Père Noël continua de lire le journal pour apprendre que Legolas et Elrond, les contremaîtres de ses elfes, annonçaient que ceux-ci allaient cesser la production de jouets et déclencher la grève avant Noël pour dénoncer les mauvaises conditions de travail dans l’atelier du Père Noël, pour protester contre les heures supplémentaires non payées et exiger de meilleurs avantages sociaux.
Le Père Noël s’étouffa avec son café et le renversa sur son bel habit rouge qu’il avait à peine été chercher au « pressing » la veille.
Le Père Noël, qui n’est pourtant pas un personnage atrabilaire, était maintenant d’une humeur exécrable.
C’est à ce moment que le détecteur de fumée se déclencha : ses rôties étaient en train de brûler dans le grille-pain!
Vite, il alla ouvrir les fenêtres pour évacuer la fumée, pestant et prononçant des jurons trop grossiers pour que je les répète ici.
C’est à ce moment qu’un petit ange entra avec un conifère sous le bras et lui demanda :
– Père Noël, que voulez-vous que je fasse avec ce sapin?
«... C’est ainsi que naquit cette belle tradition », expliquai-je à mon épouse qui me regardait abasourdie en commençant à regretter les vœux qu’elle avait prononcés...
Par souci de rectitude politique, on voit de moins en moins de petits anges au sommet des arbres de Noël. En fait, on parle de moins en moins de Noël et plutôt du « temps des Fêtes » pour éviter d’offenser des gens de foi non chrétienne qui souvent s’en foutent royalement. Merci à Madame Boudreault pour la photo.
Joyeux Noël aux milliers de lecteurs de quelque 60 pays qui ont visité En direct de l’intestin grêle cette année.